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VIE ET ŒUVRE

jour à la chasse avec lui, c’est-à-dire, lui allait à pied, et moi à cheval. Nous nous arrêtions à Zassiéka, près du rucher. Je me rappelle qu’il admirait le printemps, le vol des oiseaux, le coucher du soleil. À côté de lui courait toujours un setter jaune, Dora. Souvent, en rentrant à la maison, il trouvait ou son ami d’enfance D. A. Diakov, ou Fet, ou P. F. Samarine. Pendant le thé ou pendant le souper, les conversations étaient des plus animées, mais j’ai oublié sur quoi elles portaient. Il s’occupait beaucoup du rucher. Là vivait un vieux paysan tout blanc ; Léon Nicolaievitch, la tête couverte d’un filet, restait des heures entières à étudier la vie des abeilles[1]. »

En juin, Tolstoï note dans son journal :

«Je lis Gœthe, et plusieurs idées naissent en moi. »

Le 28 juin, le premier enfant, Serge, vint au monde et avec cet événement commença une série de nouveaux soucis de famille, de tristesses et de joies.

Sur cette première année de la vie de famille, nous n’avons malheureusement d’autres renseignements que les notes brèves du journal. Il est probable cependant qu’à cette époque Tolstoï réunissait les matériaux de son futur grand roman.

Comme essais littéraires de cette année, il nous faut mentionner deux œuvres très peu connues et inédites. Tolstoï écrivit un vaudeville : le Nihiliste, dont voici en deux mots le sujet. Dans une famille on a engagé un précepteur, un nihiliste. Le mari en devient jaloux, et, après une série de quiproquos,

  1. D’une lettre privée.