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VIE ET ŒUVRE

forêt, préposa un monstre à sa garde et que lui-même la défend.

« Peut-être cela était-il nécessaire, quand il n’y avait pas de forêts. Mais maintenant je vis dans cette forêt dix-huit fois centenaire, quand elle a grandi et m’entoure, je n’ai donc point besoin de preuves de son existence. Elle existe. Alors laissons tout ce qui autrefois était nécessaire pour la croissance de cette forêt : la formation de la doctrine du Christ. »

Cet immense travail fut terminé vers 1881.

Comme la plupart de ses œuvres philosophiques, cette étude des évangiles n’était point destinée par Tolstoï à la publication. Il la laissait faire à ses amis. Il le dit lui-même à la fin des Confessions. « Ce que j’ai trouvé de faux dans cette doctrine, ce que j’y ai trouvé de vrai, à quels résultats je suis arrivé, tout cela formera les parties suivantes de cet ouvrage, qui sera probablement publié quelque jour si quelqu’un juge qu’il en vaille la peine et qu’il soit nécessaire ». Ne trouvant pas de la part de sa famille une très grande sympathie pour ses nouvelles œuvres, Tolstoï dut mettre de côté son travail, et l’écrivit à grand’peine. Mais comme il est impossible de cacher la ville bâtie sur la montagne, de même cette grande œuvre ne pouvait rester inconnue. Bientôt elle vit le jour. La première édition complète de la « Concordance et traduction des quatre évangiles » fut faite par mes soins à Genève, chez Elpidine, et K. M. S. donna l’argent nécessaire à cette publication.

Nous avons déjà mentionné la présence, dans la maison de Tolstoï, d’un licencié de St-Pétersbourg,