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LÉON TOLSTOÏ

« — Cela ne fait rien, répondit-elle en souriant gaiment, je suis habituée.

« — Sonia, ordonne à Nesterka d’apporter un sac du hangar et rentrons à la maison.

« Aussitôt la comtesse détacha du trousseau une énorme clef et la remit à un garçon qui courut exécuter l’ordre.

« — Voilà, dit le comte, vous voyez l’application de notre méthode : tenir les clefs près de soi et faire exécuter tous les travaux du ménage par des gamins.

« Le soir de cette journée, il fallait voir avec quelle fierté et quelle confiance les yeux de la bonne tante Tatiana Alexandrovna regardaient ses chers neveux, et, s’adressant à moi, paraissaient dire : « Vous voyez, chez mon cher Léon, il n’en saurait être autrement ! »

« Quant à la jeune comtesse, qui, dans cet état, sautait par-dessus les haies, évidemment la vie ne pouvait être qu’éclairée des espoirs les plus joyeux. Le comte lui-même qui passait sa vie à la recherche du nouveau, pendant cette période entrait évidemment dans un monde jusqu’ici inconnu de lui, dans l’avenir puissant auquel il croyait de tout l’enthousiasme d’un jeune artiste[1]. »

Dans les souvenirs de la belle-sœur de L.-N. Tolstoï, alors jeune fille, nous trouvons une note brève mais caractéristique de cette époque.

« Ce printemps, j’allai chez eux, à Iasnaia Poliana. Deux choses alors le passionnaient : la chasse aux bécasses et les abeilles. J’allais presque chaque

  1. Fet, Mes Souvenirs.