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VIE ET ŒUVRE

arme qui m’est donnée, c’est la conscience de ma vie et ses actes. Je ne puis désirer, penser, croire pour un autre. J’élève ma vie, et cela seul peut élever la vie d’un autre. Moi je suis en eux et eux en moi…

« Et que sera-t-il s’il n’y a pas l’Église ? Ce qui est maintenant, ce qu’a dit Jésus : « Faites de bons actes, pour que les hommes, les voyant, glorifient Dieu. » Dans les actes, il n’y a pas de désaccord. Dans la confession, dans l’interprétation, dans les rites, il y a désaccord ; mais ce désaccord ne touche pas la religion et les actes, et ne gêne personne. L’Église a voulu concilier ces interprétations et ces rites et s’est disloquée elle-même. En même temps elle a montré que ni la confession, ni l’adoration extérieure n’est œuvre de religion. L’œuvre de la religion, c’est seulement la vie selon la foi. Et cette vie est supérieure à tout. Elle ne peut être soumise à personne, sauf à Dieu, qui n’est reconnu que par la vie. »

Ainsi Tolstoï se sépara de l’Église orthodoxe. Il y était venu croyant y trouver la doctrine du Christ. L’étude de la théologie orthodoxe lui montra son erreur. Mais où donc trouver cette doctrine sans laquelle il ne pouvait vivre ? Où la chercher ? Encore dans cette même Église, qu’il abandonnait, qui a transporté à travers les siècles et, comme par miracle, nous a conservé l’évangile. Tolstoï se mit donc avec zèle à l’étude de l’évangile. Et le résultat de ce travail fut une œuvre remarquable qu’il intitula ainsi : Concordance et traduction des quatre évangiles.