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LÉON TOLSTOÏ

l’Évangile, je ne comprenais pas ces paroles : « Les mauvaises paroles contre le Fils de l’homme vous seront pardonnées, mais les mauvaises paroles contre le Saint-Esprit ne vous seront pardonnées ni dans ce siècle ni dans le siècle futur. » Maintenant elles ne sont que trop claires pour moi. Voici la calomnie contre le Saint-Esprit qui ne sera pardonnée ni dans cette vie, ni dans la vie future : c’est cette effroyable doctrine ecclésiastique dont la base est la doctrine de l’Église. »

Nous voyons par ces paroles qu’après l’étude de la doctrine de l’Église la rupture de Tolstoï avec l’Église est un fait accompli. Dans le supplément de sa conclusion, Tolstoï exprime son sentiment de révolte pour cette tromperie de l’Église, et expose brièvement sa compréhension de la doctrine du Christ.

« Pour celui qui a compris la doctrine de Jésus, elle est en ceci : Moi, ma lumière, doit aller vers la lumière. La vie m’est donnée. Hors elle il n’y a rien, sauf la source de toute vie : Dieu. Toute doctrine religieuse : le renoncement, l’amour du prochain, n’a que ce sens : que je puis faire la vie en soi-même infinie.

« Tout rapport avec une vie d’autrui n’est que mon ascension, ma communion avec elle dans la paix et en Dieu. Par moi-même, je ne puis que comprendre la vérité ; et mes actes sont les conséquences de l’ascension de ma vie. Je puis par moi-même exprimer cette vérité : Quelle peut être pour moi, qui comprends ainsi la vie, la question : Comment vivent les autres ? Les aimant, je ne puis que désirer leur communiquer mon bonheur ; mais la seule