Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/313

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
293
VIE ET ŒUVRE

son dogme de la rédemption, c’est pourquoi Dieu jaloux et méchant est identifié à Dieu le Père, dont le Christ a parlé. On ne peut s’expliquer autrement le blasphème de ce chapitre. »

Intéressants aussi les raisonnements de Tolstoï sur le dogme de la divinité du Christ :

« Je me suis arrêté sur ce passage non pour prouver que Christ n’est pas Dieu. Prouver cela est inutile. Pour celui qui croit en Dieu, Christ ne peut pas être Dieu. Je me suis arrêté sur ce passage parce qu’il contient la source des insanités précédentes. Je comprends qu’après la mort du Christ ses disciples, profondément pénétrés de sa doctrine, parlant de cet homme qui disait que tous sont fils de Dieu et doivent se confondre dans la vie avec Dieu, je comprends qu’ils l’aient appelé divin, fils bien-aimé de Dieu. Je comprends que des hommes grossiers, écoutant sans la comprendre la doctrine des apôtres, aient pu n’en accepter que les paroles et les défendre ensuite avec obstination, en niant toute autre interprétation. De même pour le dogme du péché originel. Je puis admettre la compréhension des hommes qui dans la chute d’Adam ne voient que ce fait : qu’Adam a désobéi à Dieu et a mangé la pomme. De même je puis admettre la compréhension des hommes qui disent que Jésus était Dieu et par sa mort a sauvé les hommes. Cette conception n’est pas stupide, elle n’est que grossière et incomplète. Mais dès que les hommes se mettent à affirmer que cela est la seule vérité, qu’à telle époque, en tel endroit, a vécu Adam, créé par Dieu, et placé par lui dans un jardin, etc., ou que Jésus est la deuxième per-