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VIE ET ŒUVRE

quence, la timidité, la paresse, la faiblesse, voilà mes ennemis. »

L’âge de l’épouse de Léon Nicolaievitch provoquait parfois les plaisanteries de ses amis, et il devait s’en défendre. Ainsi le 15 mai 1863, il écrit à son ami Fet :

« … Ma femme ne joue point à la poupée : ne l’offense pas. C’est une aide très précieuse pour moi, malgré un fardeau dont elle espère être délivrée au commencement de juillet… »

Et voici encore un tableau de la vie à Iasnaia Poliana qui appartient à la plume de ce même ami, le poète Fet, grand admirateur du jeune couple.

« … Je ne pouvais me refuser le plaisir d’aller à Iasnaia Poliana. À peine avais-je tourné dans l’allée de bouleaux, entre les tours, que je rencontrai Léon Nicolaievitch qui donnait des ordres pour tendre le filet à travers l’étang, et qui, évidemment, prenait toutes les mesures pour que les carpes n’échappassent point, en se cachant au fond.

« — Ah ! que je suis heureux ! — s’écria-t-il, partageant visiblement son attention entre moi et les carpes. — Tout de suite nous sommes prêts. Ivan ! Ivan ! tourne davantage à gauche. Sonia ! as-tu vu Afanassi Afanassiévitch ?

« Cette observation arrivait évidemment trop tard, car, tout en blanc, la jeune comtesse accourait déjà vers moi, un énorme trousseau de clefs à la ceinture. Et malgré sa situation très intéressante elle se précipita vers l’étang, en sautant par dessus la haie.

« — Que faites-vous, comtesse ? m’écriai-je, effrayé. Quelle imprudence !