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VIE ET ŒUVRE

la connaissance de trois des meilleurs représentants des socialistes extrêmes, ceux mêmes que l’on juge maintenant. Eh bien ! ces hommes sont arrivés à la nécessité de s’arrêter dans leur œuvre réformatrice et de chercher d’abord des bases religieuses. De tous côtés (pour le moment, je ne me rappelle pas qui) tous les esprits se tournent vers cela même qui ne me laisse pas de repos[1]. »

En été 1878, Tolstoï fit de nouveau, avec toute sa famille, le voyage à leur propriété de Samara. Il partit le premier avec ses fils aînés et le précepteur. La comtesse le rejoignit plus tard, avec les plus jeunes enfants.

En route, Tolstoï écrit à sa femme :

« … N’oublie pas cependant que tu peux décider n’importe quoi, rester ou partir. Il peut arriver des choses qui ne dépendent pas de nous, et jamais, même en pensée, je n’accuserai ni toi ni moi. La volonté de Dieu se manifeste en tout, sauf dans nos actes mauvais ou bons. Ne te fâche pas comme tu le fais parfois quand je mentionne Dieu, je ne puis l’éviter, car il est la base même de ma pensée.

« Je reprends ma lettre ce même soir, sur le bateau. Les enfants vont bien ; ils dorment, ils ont été très gentils. Il est dix heures du soir. Demain, à quatre heures, si Dieu le veut, nous serons à Samara, et le soir à notre hameau. La journée a été douce, tranquille et calme. J’ai pris plaisir à la conversation des vieux croyants du gouvernement de Viatka. Paysans et marchands, ils sont très

  1. Archives de V. G. Tchertkov.