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VIE ET ŒUVRE

mes religieux. Mais cela, c’est une lâche et vulgaire polissonnerie[1]. »

Cette même année 1878, après une interruption de seize ans, Tolstoï reprend son journal. Parmi ses premières notes, nous trouvons :

« 22 mai. J’ai terminé Bolotov. J’ai lu Parphen. Les vieux croyants m’amènent de plus en plus à l’importance de la pensée que l’unité de l’Église est l’indice de la vérité, mais que cette unité ne peut être atteinte du fait que moi ou B. convertisse tous les autres à son opinion sur la religion. (Ce fut ainsi jusqu’à ce jour et tous les schismes, la papauté, Luther et les autres, en sont le résultat). Elle peut l’être seulement du fait que chacun, en rencontrant celui avec qui il n’est pas d’accord, cherche en soi les causes du désaccord, et chez les autres les points où ils sont d’accord. La croix de huit points et de quatre points et la transformation du vin, n’est-ce pas la même chose ?

« Je fus dimanche à la messe. À tout ce qui se fait durant le service, je puis trouver une explication satisfaisante. Mais les souhaits « de longues années » et la prière pour la victoire sur les ennemis, c’est un sacrilège. Le chrétien doit prier pour les ennemis et non contre eux.

« J’ai lu l’évangile. Partout Christ dit que tout temporel est mensonger ; le vrai, c’est l’éternel… les oiseaux du ciel, etc. Envisager la religion au point de vue historique, c’est la détruire. »

« 3 juin. Bobrinski est venu me voir. Il m’a ennuyé par sa conversation sur la religion, sur le

  1. Archives de L. N. Tolstoï.