Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
272
LÉON TOLSTOÏ

baisse à une manifestation provisoire et il le discute ainsi. Si la vérité chrétienne est haute et profonde, c’est parce que, subjectivement, elle est absolue. Si l’on examine sa manifestation objective, elle est comme le code Napoléon, etc. Une autre idée nouvelle chez Renan, c’est que si la doctrine du Christ existe, il existe un homme quelconque qui probablement vécut. Pour nous sont disparus du christianisme tous les détails humains, abaissants, par la même raison que sont disparus tous les détails sur les Juifs d’autrefois, puisque tout disparaît qui n’est pas éternel : c’est-à-dire le sable lavé ; et l’or seul est resté. Il semble que les hommes n’aient pas à faire autre chose qu’à prendre l’or. Non, dit Renan, s’il y a l’or, il y avait le sable, et il s’efforce de trouver quel était ce sable. Et tout cela d’un air très grave. Ce qui serait encore plus amusant, si ce n’était aussi effroyablement stupide, c’est que même il ne trouve aucun sable, et affirme seulement qu’il devait y en avoir. J’ai relu tout, et longtemps je me suis demandé : Eh bien, qu’ai-je appris de nouveau de ce détail historique ? Rappelez-vous et avouez que rien, absolument rien…

« Peut-être, pour étudier la plante, faut-il connaître le milieu, et, pour étudier l’homme, animal social, faut-il étudier le milieu, le mouvement, le développement. Mais pour comprendre le beau, le vrai, le bien, aucune étude du milieu n’aide, il n’a rien de commun avec eux. Là-bas, tout marche à la surface, mais la direction est en hauteur, en profondeur. La vérité morale, on peut et on doit l’étudier ; il n’y a pas de fin à son étude, mais cette étude va en profondeur, comme la mènent les hom-