d’aller plus loin, de rompre avec cette théologie qui définissait l’Église : la société des croyants unis par l’amour. Le contact avec le peuple, les pèlerins, les sectaires, les schismatiques, la lecture de la vie des saints donnaient un sens à sa vie. Les conversations avec les théologiens ne provoquaient en lui qu’un sentiment hostile à leur égard, l’éloignaient de la religion qu’il confessait, et la vie, de nouveau, commençait à perdre pour lui son sens. Il comprit que si pour lui et le peuple la religion est le sens de la vie, pour les théologiens et les croyants des classes supérieures, c’est l’accomplissement en public de certains actes extérieurs ne regardant en rien la base même de la vie. Enfin, sur deux points, il se séparait d’une façon définitive des représentants de l’Église : 1o ceux-ci regardaient les hommes appartenant à d’autres religions, comme leurs pires ennemis, alors que Tolstoï voyait en eux des frères ; 2o pour Tolstoï la violence gouvernementale, les punitions, la guerre étaient des crimes, alors que l’Église les bénissait.
Mais pour quitter l’Église en pleine conscience, pour séparer de la doctrine chrétienne l’or du sable, il soumit à un examen minutieux la doctrine de l’Église, et la source de la doctrine chrétienne : l’Évangile.