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LÉON TOLSTOÏ

que pour lui la religion est la base même de la vie :

« Me rappelant combien ces mêmes croyances me rebutaient et me paraissaient stupides quand elles étaient confessées par des gens qui vivaient contrairement à elles, et combien elles m’attiraient et me paraissaient raisonnables quand je voyais qu’elles étaient le fondement de la vie des hommes, je compris pourquoi j’avais rejeté alors ces croyances, pourquoi je les avais trouvées absurdes, tandis que maintenant je les acceptais et les trouvais pleines de raison. »

Tolstoï comprit qu’il s’égarait, que sa vie était vraiment un mal, mais non pas la vie en général. Il aima des gens de bonne vie, fit abnégation de soi-même et conçut la vérité. Pour comprendre la vie, il faut la construire soi-même.

Il faut rapporter à l’année 1878 ce moment de la vie de Tolstoï. La paix est descendue dans son âme, mais le travail intérieur n’est pas encore terminé. Il s’accroche à la religion du peuple, mais la base fondamentale de la foi : Dieu, n’était pas encore claire pour lui. Il le cherchait. « Durant toute cette année, lorsqu’à chaque instant je me demandais comment en finir : par la corde ou par une balle, pendant tout ce temps, à côté de ce mouvement d’idées et d’observations dont j’ai parlé, mon cœur souffrait d’un douloureux sentiment, que je ne puis appeler autrement que la recherche de Dieu. »

Pendant cette recherche, Tolstoï passe du désespoir le plus profond à la joie infinie de l’existence, et il remarque que ces différents états d’âme coïn-