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LÉON TOLSTOÏ

la personnalité et de la matière ? Et l’une et l’autre connaissances sont niées[1]. »

En septembre de la même année, Tolstoï alla pour quelque temps à sa propriété de Samara, accompagné de son neveu Nicolas Tolstoï. De là, il se rendit à Orenbourg pour acheter des chevaux. À Orenbourg, il rencontra un vieil ami de Sébastopol, le général Krijanovsky, qui était alors général gouverneur d’Orenbourg, et tous deux se remémorèrent avec joie le passé. Au cours du voyage, il écrivit à sa femme, qui évidemment était peu contente de cette absence :

« Je sais combien cela t’est pénible, douloureux, mais j’ai vu l’effort que tu as fait sur toi pour ne pas me retenir et, si c’est possible, je t’en aime davantage. Que Dieu te donne de passer ce temps courageusement et en bonne santé. Que Dieu aie pitié de toi et de moi. »

De nouveau cette note religieuse qui auparavant ne se rencontrait pas dans ses lettres. De son côté, ce même mois de septembre, la comtesse écrivait entre autres à sa sœur :

« Léon dit sans cesse que tout est fini pour lui, que bientôt il faudra mourir, que plus rien ne le réjouit, qu’il n’a plus rien à attendre de la vie. »

Tolstoï, toujours dans le même état pénible, écrit à N. N. Strakov, le 13 novembre 1876 :

« Vous êtes un véritable ami, cher Nicolas Nicolaiévitch. Malgré mon silence à votre lettre si importante, vous me faites la joie de vos lettres. Je ne saurais vous exprimer combien je vous suis recon-

  1. Archives de V. G. Tchertkov.