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LÉON TOLSTOÏ

sance même de la vie morale, dont la poussée ne s’arrêtait jamais complètement en Tolstoï.

Mais, à la fin des années 70, la croissance de la vie morale atteint une telle vigueur qu’aucune force au monde ne peut l’arrêter. Ce moment important de sa vie, Tolstoï l’a décrit lui-même dans ses Confessions. Cependant, les Confessions sont malgré tout une œuvre littéraire adressée au public, comme chaque œuvre littéraire, elle a été travaillée, polie, plusieurs traits précieux des matériaux bruts ont disparu, tandis qu’étaient ajoutés certains passages destinés à produire sur le lecteur une certaine impression. Nous nous permettrons donc d’ajouter à cette œuvre autobiographique quelques renseignements empruntés aux autres matériaux dont nous disposons.

Il paraît qu’en 1874, déjà Tolstoï pensait écrire quelque chose ressemblant aux Confessions, c’est-à-dire une œuvre exprimant l’idée de la nécessité de la religion comme base de la vie. Dans son journal de cette année, nous trouvons l’esquisse suivante de la préface du livre projeté :

« Il y a le langage de la philosophie. Je ne le parlerai point ; j’userai d’un langage simple. L’intérêt de la philosophie est général pour tous, et tous seront juges. Le langage philosophique a été inventé pour parer aux objections. Je n’ai pas peur des objections. Je les cherche ; je n’appartiens à aucune coterie, et je prie le lecteur de n’y pas appartenir. C’est la première condition pour la philosophie. Aux matérialistes, je dois répondre dans la préface. Ils disent qu’après la vie terrestre il n’y a rien. Je dois répondre, car, s’il en était