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VIE ET ŒUVRE

deur, et lui-même écrivait à Fet, sur le même ton enthousiaste :

« J’ai été très heureux de me rapprocher de nouveau de Tolstoï, et j’ai passé chez lui trois jours très agréables.

« Toute sa famille est très sympathique et sa femme est charmante. Lui-même s’est calmé un peu et a grandi.

« Son nom commence à acquérir une célébrité européenne et nous autres, Russes, nous savons depuis longtemps qu’il n’a pas de rival[1]. »

Cependant, pour éviter le danger d’une nouvelle rupture, Tolstoï cherche toutes les occasions d’exprimer à Tourgueniev sa sympathie.

L’un de ces prétextes fut une diffamation des Moskovskia Viedomosti à l’adresse de Tourgueniev. À cette expression de sympathie, Tourgueniev, qui sentait la tension du lien moral qui les unissait, répondit par une longue lettre de remerciement dans laquelle il tâche de montrer combien de son côté il s’intéresse à Tolstoï et à ses œuvres. Le 22 décembre 1879, il lui écrit :

« Dans une semaine, je pars d’ici, et nous nous verrons sûrement, bien que je ne sache pas encore où. J’ai été très touché de la sympathie pour moi que vous avez exprimée à propos de l’article des Moskovskia Viedomosti, et je suis presque prêt à m’en réjouir puisqu’il vous a poussé à me dire des paroles si bonnes et si amicales. Quand j’ai rompu avec Rousski Viestnik, Katkov m’a fait dire que je ne savais pas ce que c’était de l’avoir pour ennemi.

  1. Recueil des Lettres de Tourgueniev, p. 338.