Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238
LÉON TOLSTOÏ

Poliana, près Toula, et lui ai parlé de la Bibliothèque russe. Il consent à donner ses œuvres, et en laisse le choix à la rédaction du Viestnik Evrop.

« Il vous enverra une courte notice biographique. Il accepte les conditions ordinaires, celles de Saltikov, etc.

« Quant au portrait, il vous propose de vous mettre d’accord avec le peintre Kramskoï, qui habite Pétersbourg et qui a fait de lui deux magnifiques portraits. Vous pourriez avoir la photographie de l’un d’eux. En un mot Tolstoï a montré la bonne volonté la plus grande. Je lui ai dit que vous lui écririez ce que vous ferez. Quant au grand roman, de son propre aveu, il n’est pas même commencé. Mais en tout cas il ne paraîtra pas à Rousski Viestnik, parce que Tolstoï ne veut plus avoir affaire à cette revue[1]. »

Rentré à Spasskoïe, Tourgueniev écrivit à Tolstoï :

« Très cher Léon Nicolaiévitch. Je suis bien arrivé ici, jeudi dernier, et je ne puis me retenir de vous répéter encore quelle bonne et agréable impression m’a laissée ma dernière visite à Iasnaïa Poliana, et combien je suis heureux que le malentendu qui était entre nous ait disparu sans aucune trace. Je sentais nettement que la vie n’a pas passé sur nous en vain et que vous et moi étions meilleurs qu’il y a seize ans. Et il m’a été agréable de le constater. Inutile de dire qu’au retour je passerai de nouveau chez vous[2]. »

Quelques jours plus tard, Tourgueniev écrit de nouveau à Tolstoï en réponse à sa lettre et lui

  1. Premier recueil des Lettres de Tourgueniev, p. 322.
  2. Ibid., p. 333.