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LÉON TOLSTOÏ

cadette, dont il aimait la voix. J’ai remarqué que les sensations provoquées en lui par la musique étaient accompagnées d’une légère pâleur du visage et d’une grimace imperceptible qui, semblait-il, exprimait l’effroi[1]. »

Dans le domaine de l’éducation des enfants nous ne pouvons rien noter de particulier. Forcément les principes pédagogiques de Tolstoï ne restaient pas sans influence pendant la première période de l’éducation de ses enfants, en ce sens qu’on leur laissait toute liberté et que les punitions étaient inconnues.

Tolstoï lui-même prenait part à l’éducation de ses enfants : il leur enseignait l’arithmétique, et pendant les veillées, il leur faisait lire, en français, les romans de Jules Verne. Mais avec l’augmentation de la famille, et les complications qui en résultaient, peu à peu l’éducation et l’étude prirent le cours ordinaire, et l’influence de Tolstoï s’affaiblit. On peut trouver à ce fait différentes causes : Tolstoï, absorbé par ses travaux littéraires, ne pouvait mettre la question des enfants à la première place. Outre cela, juste au moment où les aînés étaient en âge de travailler, Tolstoï se sentit pris de doute sur la justesse de ses vues. Enfin, la cause principale fut peut-être le désaccord qui existait entre le mari et la femme au sujet de l’éducation des enfants ; l’un des deux devait céder pour laisser à l’autre la possibilité d’appliquer ses principes, et ce fut Tolstoï qui céda.

Pour compléter ces traits du caractère de Tols-

  1. S. A. Bers, Souvenirs sur Tolstoï.