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VIE ET ŒUVRE

plan de sa journée. Enfin il se levait et disait : « Il faut que je travaille. » Et il allait s’enfermer dans une chambre, avec une tasse de thé très fort. Pendant qu’il travaillait, personne ne devait entrer ; même sa femme ne se le permettait jamais. À une époque, c’était le privilège de sa fille aînée, qui était alors encore enfant.

« On ne peut raconter avec tous les détails quelle bonne humeur régnait toujours à Iasnaïa-Poliana, et Léon Nicolaiévitch était l’âme de cette gaieté. Dans les conversations sur les questions abstraites, sur l’éducation des enfants, sur les événements extérieurs, son opinion était toujours la plus intéressante. Au croquet, à la promenade, il animait tous par sa belle humeur. Il n’y avait pas la moindre chose à laquelle il ne sût trouver de l’intérêt. Les enfants aimaient beaucoup sa société, tous désiraient l’avoir pour compagnon de jeu, et se réjouissaient quand il organisait pour eux quelque partie. Ils faisaient avec lui de longues promenades, par exemple ils allaient à pied jusqu’à Toula, ce qui fait quinze verstes. Les garçons allaient avec lui à la chasse. Tous les enfants accouraient dans son appartement pour faire avec lui la gymnastique suédoise, ou courir ou sauter. L’hiver, tous patinaient, mais avec un plaisir plus grand nous tous déblayions la neige parce que l’initiative en appartenait à Léon Nicolaievitch, et que lui-même y prenait part.

« Léon Nicolaiévitch aimait beaucoup la musique. Il touchait du piano et affectionnait la musique classique. Souvent, avant de se mettre au travail, il s’asseyait au piano, probablement y trouvait-il l’inspiration. Il accompagnait toujours ma sœur