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LÉON TOLSTOÏ

Je ne continuerai pas ma publication comme revue, mais si j’ai des matériaux suffisants, je ferai paraître un recueil, tout simplement un volume, sans aucun engagement de ma part[1]… »

Le 19 décembre, il termina la première partie des Cosaques et l’envoya, comme il était convenu, à Katkov, qui fit paraître cette œuvre remarquable dans le numéro de janvier 1863 du Rousski Viestnick.

Le 5 janvier, Tolstoï inscrit dans son journal :

« Le bonheur de famille m’absorbe tout entier[2]. »

Cette seule phrase suffit à caractériser son état d’âme d’alors. La comtesse Sophie Tolstoï était, elle aussi, tout à fait heureuse. Dans une lettre à un ami d’enfance, A. M. Kouzminsky, son futur beau-frère, elle écrit, en français, le passage suivant.

« Mariez-vous, rendez votre épouse heureuse, et demandez-lui ce qu’elle pense et ce qu’elle sent, alors vous comprendrez ma vie et mon bonheur[3]. »

Mais cette « absorption » par le bonheur ne pouvait durer longtemps à cause même de l’intensité avec laquelle Tolstoï s’adonnait à tous ses sentiments. Bientôt quelques désaccords passagers obscurcirent ce bonheur, mais l’harmonie se rétablit vite.

Le 15 janvier, Tolstoï écrit dans son journal :

« Nous sommes très amis. Le dernier désaccord a laissé de légères traces (imperceptibles), ou

  1. Les archives de L. N. Tolstoï.
  2. Ibid.
  3. Archives de Mme T. A. Kouzminsky.