Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
223
VIE ET ŒUVRE

À Toula, et en d’autres villes, on amenait des Turcs captifs. Tolstoï alla voir ceux qui vivaient dans le faubourg de Toula, dans une ancienne sucrerie. Il s’intéressait vivement à leur état moral, leur demandait s’ils avaient le Coran et quel était leur mollah. Il résulta de cette conversation que chacun avait dans son paquetage le Coran. Tolstoï fut frappé de ce fait.

En été 1877, Tolstoï fit avec N. N. Strakov son premier voyage au couvent Optina-Poustine. Ils allèrent en chemin de fer jusqu’à Kalouga. De là une voiture les conduisit à destination. Ils s’arrêtèrent à l’hôtellerie. Le lendemain matin, ils furent très surpris de recevoir une visite encore au lit. C’étaient le prince Obolensky, dont la propriété était voisine, et son invité N. Rubinstein. Obolensky invita Tolstoï à s’arrêter chez lui au retour, ce qui fut accepté.

Tolstoï et Strakov naturellement allèrent faire visite au père Ambroise. Mais ni celui-ci ni Tolstoï ne furent satisfaits de leur entretien. Le père Ambroise s’irrita dans une discussion avec Tolstoï sur un texte de l’évangile. Quant à Strakov, le père Ambroise, ayant su qu’il était écrivain philosophe, voulut le persuader d’abandonner le matérialisme, dont Strakov lui-même était adversaire.

Tolstoï fit aussi visite à l’archiprêtre Juvénal, ancien officier de la garde Polovtzev. Au cours de cette visite, il se produisit un incident comique. Pendant la conversation, en présence des visiteurs, le Père Pimène, un des moines du couvent, qui assistait à l’entretien, s’endormit sur sa chaise, ce