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LÉON TOLSTOÏ

adressa un recueil de chansons populaires qu’il accompagna de la note suivante :

« Je vous envoie les chansons, cher Pierre Ilitch. Je les ai revisées encore une fois. C’est un trésor inestimable entre vos mains. De grâce, arrangez-les dans le genre de Mozart, Haydn et non dans la manière artificielle de Beethoven, Schumann, Berlioz, qui calculent l’effet. Combien aurais-je encore à vous dire. Même je ne vous ai rien dit de ce que je voulais. Je n’en avais pas le temps ; je jouissais. Ce dernier séjour à Moscou restera dans mes meilleurs souvenirs. Jamais mes travaux littéraires n’ont reçu une récompense aussi chère pour moi que cette soirée merveilleuse. Et il est charmant, Rubinstein. Remerciez-le encore une fois de ma part. Il m’a plu beaucoup. Et tous ces prêtres de l’art supérieur qui étaient assis devant le gâteau ont laissé en moi une impression si grave et si pure ! De tout ce qui s’est passé pour moi dans la salle circulaire, je ne peux me rappeler rien sans émotion. Auxquels d’entre eux puis-je envoyer mes œuvres ? Qui ne les a pas et qui les lira ?

« J’ai parcouru vos compositions, mais quand je les aurai étudiées, que vous en ayez besoin ou non, je vous écrirai mon avis, et tout à fait franchement, parce que j’aime votre talent. Au revoir. Je vous serre amicalement la main. »

« P. S. De quel portrait m’a parlé Rubinstein ? Je suis très heureux de lui en envoyer un, en lui demandant le sien en retour, mais pour le Conservatoire cela ne va pas. »

À cette lettre, Tchaïkovsky répondit :

« Comte. Je vous remercie sincèrement pour l’en-