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LÉON TOLSTOÏ

M. Trétiakov, si je ne me trompe, de peindre un portrait de Tolstoï. Le célèbre artiste, qui était très modeste, n’osait demander une pose à Léon Nicolaievitch, car il avait entendu parler de sa vie retirée à Iasnaïa Poliana ; et il avait cherché en vain sa photographie. Il eut alors l’idée de s’installer à cinq verstes de Iasnaïa dans une maison devant laquelle Tolstoï passait chaque jour, à cheval, en allant chercher son courrier. C’est pourquoi il eut l’intention de le représenter en caftan et à cheval. Bientôt on apprit tout cela, et il fut invité à Iasnaïa Poliana. »

Tolstoï, qui si énergiquement avait refusé à Fet de poser, se sentait gêné envers son ami d’avoir cette fois accepté, et le 26 septembre 1873, il lui écrivit entre autres :

« Depuis une semaine, le peintre Kramskoï est chez nous. Il fait un portrait pour la galerie de Trétiakov, et moi je bavarde avec lui et tâche de le convertir de la religion pétersbourgeoise à la vraie. J’ai consenti à poser parce que Kramskoï est arrivé en personne et veut bien faire un second portrait pour nous, très bon marché, et que ma femme m’en a prié. »

La comtesse Tolstoï mentionne aussi cet événement dans une lettre à sa sœur :

« Le peintre Kramskoï vient maintenant chaque jour chez nous, et fait deux portraits de Léon. Il est probable que tu as déjà entendu dire que Trétiakov réunit la galerie des Russes célèbres. Depuis longtemps il avait fait demander à Léon de poser pour son portrait, mais il n’y avait jamais voulu consentir. Mais cette fois c’est le peintre lui-même qui l’a décidé. Léon a accepté, mais à la con-