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VIE ET ŒUVRE

Il se trouve que Katkov ne partage pas mes idées, — ce qui ne m’étonne pas, puisque je blâme précisément des hommes comme lui — et, en y mettant des formes, me demande d’adoucir certains passages. Il m’agace terriblement, je lui ai déjà déclaré que s’il ne veut pas publier la fin telle quelle, je la donnerai ailleurs. Et ce sera ainsi. Il serait sans doute plus commode de paraître en brochure à part, et de vendre séparément, mais dans ce cas, il y a la censure. Que me conseillez-vous : publier à part, en passant par la censure, ou dans une revue sans censure : le Messager de l’Europe, Niva, le Pèlerin, etc. ?

« Laquelle, peu m’importe, pourvu seulement que ce soit le plus vite possible et sans adoucissement ni compromis, je vous en prie, conseillez-moi, aidez-moi. Peut-être m’arrangerai-je encore avec Katkov, mais je voudrais bien savoir que faire en cas de désaccord[1]. »

Sur le conseil de Strakov, Tolstoï décida de faire paraître en brochure la huitième partie d’Anna Karénine, puisqu’il n’avait pu s’entendre avec Katkov. Quant à la rédaction du Rousski Viestnik, au lieu de déclarer franchement la raison qui la séparait de l’auteur, elle publiait la note suivante dans son numéro de mai 1875 :

« Dans notre précédent numéro, au bas du roman Anna Karénine nous avions mis : « La fin au prochain numéro. » Mais avec la mort de l’héroïne, le roman proprement dit est terminé. D’après le plan de l’auteur, il y aurait encore un petit épilogue

  1. Archives de V. G. Tchertkov.