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VIE ET ŒUVRE

il introduit beaucoup de traits autobiographiques.

Plusieurs personnes sont décrites d’après nature, en commençant par Agafia Mikhailovna, qui exista en effet sous ce nom, et mourut il y a seulement quelques années, et finissant par Lévine, dont le type psychologique représente l’auteur lui-même, avec toute son orginalité de pensées, de sentiments, d’actions, et, principalement, sa lutte morale et la recherche de la vérité dans la foi du peuple.

Le type d’Anna rappelle Mme Gartung, la fille de Pouschkine. Dans la baronne malade et Varenka, on peut reconnaître une certaine princesse Golitzine et sa pupille Katenka. De même Oblonski, Koznichev, etc., possèdent plusieurs traits propres à des parents et à des amis de Tolstoï. Dans la caractéristique du frère de Lévine, Nicolas, et surtout dans la description de sa mort, on peut reconnaître facilement le frère de L. Tolstoï, Dmitri.

Au printemps de 1874, Tolstoï apporta au Rousski Viestnik le commencement de son roman. À la fin de 1876, le travail, d’abord lent, va plus vite. La comtesse écrit à sa sœur au commencement de décembre :

« Enfin, nous écrivons Anna Karénine comme il faut, c’est-à-dire sans interruptions. Léon, animé et concentré, chaque jour ajoute un chapitre entier, et moi, je recopie aussi rapidement que possible ; même maintenant, sous cette lettre, il y a des pages du nouveau chapitre qu’il a écrit hier. Katkov a télégraphié avant hier d’envoyer quelques chapitres pour le numéro de décembre. Ces jours-ci Léon ira lui-même à Moscou lui porter son roman.