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LÉON TOLSTOÏ

nue antipathique. Il affirmait que le personnage de Pierre ier n’avait rien de grand, et que toute son activité avait été mauvaise. Ses prétendues réformes, selon lui, n’avaient point pour but le bien de l’État, mais des avantages personnels. Il ne fonda Pétersbourg que pour fuir l’irritation des boyards, et être plus libre dans sa vie immorale. Ses réformes, il les emprunta à la Saxe, où les lois étaient alors les plus cruelles, et où florissait l’immoralité. C’est par cela que Léon Nicolaievitch expliquait l’amitié de Pierre pour le grand-duc de Saxe, qui était le personnage le plus dissolu, parmi les souverains de cette époque. Dans l’amitié de Pierre ier avec le boulanger Menchikov et le déserteur suisse, Lefort, Tolstoï voyait une preuve de mépris pour les boyards, parmi lesquels il ne pouvait trouver de compagnons d’orgie. Mais il était surtout révolté par le meurtre du tzarévitch Alexis[1]. »

L’étude de l’époque de Pierre ier attira forcément l’attention de Tolstoï sur la période suivante : le règne des diverses impératrices et de leurs favoris, et il eut l’intention d’écrire un roman intitulé Mirovitch ; mais il n’en fit rien. Découragé par l’étude des matériaux de l’époque de Pierre, Tolstoï sentait le besoin d’orienter ses forces d’un autre côté ; une étude de mœurs le séduisait assez ; et un léger prétexte le fit s’arrêter définitivement à ce nouveau parti. Voici ce que racontent, à ce propos, les familiers de Tolstoï :

« En 1873, la tante préférée de Léon Nicolaievitch : T. A. Ergolski, terminait doucement sa vie.

  1. S. A. Bers, Souvenirs sur Tolstoï.