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VIE ET ŒUVRE

fait pour eux. Il visitait personnellement les familles les plus nombreuses, s’informait de leurs besoins, leur donnait des secours d’argent ou de blé, leur procurait le moyen d’acheter des chevaux, etc. Le souvenir des bienfaits du célèbre écrivain est demeuré vivant dans la mémoire des paysans de Patrovka, de Gavrilovka, de Zemlanka, et autres villages de cette contrée[1]. »

Nous devons aussi mentionner la part que prit la comtesse S. A. Tolstoï. Le biographe Leuvenfeld rapporte ainsi son témoignage sur ce sujet.


« Vous connaissez la lettre sur la famine de Samara. Je m’en attribue le mérite. Nous vivions alors loin de toute demeure humaine, tout à fait isolés, consacrés exclusivement au rétablissement de la santé de mon mari. Nous avions le temps d’observer la vie du peuple et nous acquîmes bientôt la conviction que la disette, parmi cette population relativement nombreuse, devait engendrer de terribles malheurs. Je persuadai mon mari de s’occuper sérieusement de cette question. Il entreprit l’étude statistique de toute cette région, notant, dans chaque demeure, le nombre des bouches à nourrir et la quantité de grain qui s’y trouvait. Cette étude montra que la famine était inévitable. C’est alors qu’il publia sa lettre. L’Impératrice souscrivit la première, bien que dans les hautes sphères cet article n’eût pas été vu d’un très bon œil, n’étant pas flatteur pour les fonctionnaires de la province. Mais dès que la première femme du

  1. A. S. Prougavine, le Comte L. N. Tolstoï pendant la famine de 1873-1874 ; Obrazovanié, no 1902.