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LÉON TOLSTOÏ

au profit des paysans de Samara victimes de la disette. Cet article était une véritable révélation ; tout le monde, en effet, sauf peut-être les habitants de la province de Samara, ignorait cette situation. En même temps qu’il renvoyait cet article, Tolstoï écrivit à sa parente A. A. Tolstoï, la priant d’intéresser l’Impératrice au sort de ces malheureux. L’offrande de l’Impératrice fut l’une des premières et ouvrit la voie aux autres. Le 17 septembre, la chancellerie du zemstvo de Samara reçut la première offrande, 2.300 roubles, de la part de la typographie de l’Université de Moscou, alors affermée au directeur des Moskovski Viedemosti. Puis les secours affluèrent. En septembre on reçut encore 4.980 roubles ; en octobre 7.505 roubles ; en novembre 94.949 roubles ; en décembre 384.480. À partir de janvier le total des offrandes diminua : en janvier 1874, 236.956 roubles ; en février 116.705 roubles ; en mars, 70.373 roubles ; en avril 46.004 roubles ; en mai 33.814 roubles ; en juin, 24.374 roubles ; en juillet 18.480 roubles, en août, 3.612 roubles. Quelques offrandes parvinrent encore jusqu’en 1876. En tout, pendant la famine 1873-1874, 1.887.000 roubles et 21.000 pouds de blé, furent donnés au profit de la population affamée.

Tolstoï ne se borna point à écrire cet article qui devait avoir un résultat si bienfaisant pour la population de Samara. En été 1878, pendant son séjour dans le district de Bouzoulouk, il prit une part directe, personnelle, au soulagement des infortunes. « Quand, en 1881, nous eûmes l’occasion de visiter cette région, écrit A. S. Prougavine, nous apprîmes des paysans tout ce que le comte Tolstoï avait