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VIE ET ŒUVRE

les mettait en liberté que la nuit. Le vieux Bachkir, Mohamed-Schah, dont le nom russe était Romanovitch, était grave, très poli et très consciencieux, c’est pourquoi Tolstoï l’avait choisi parmi tous les Bachkirs du village Karalik. L’intérieur de sa roulotte était très propre, presque élégant, et nous tous allions chez lui, non seulement pour boire le koumiss, mais pour causer.

« Un tapis et des coussins recouvraient le milieu du sol ; à côté, il y avait une petite table et deux chaises ; tout cela nous était destiné.

« Au mur était accrochée une selle très ornementée. Un côté de la tente était fermé par une indienne de couleur claire, derrière laquelle se cachait sa femme quand venaient des visiteurs.

« Romanovitch était toujours content de nos visites, puisque, comme tous les Bachkirs aisés, il ne faisait jamais rien, et nous buvions du koumiss autant que nous en voulions[1]. »

Le séjour de Tolstoï dans la province de Samara ne fut pas sans importance pour la population locale.

Plusieurs années mauvaises consécutives ayant notablement réduit le bien-être des paysans de Samara, la disette de 1873 menaçait d’être une véritable calamité. Tolstoï essaya, par sa parole puissante, de venir en aide aux malheureux menacés de famine. Il écrivit un article, dont nous donnons ci-dessous les passages principaux, et l’adressa aux directeurs des journaux et des revues :

« Ayant vécu une partie de l’été dans un petit

  1. Souvenirs sur Tolstoï.