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LÉON TOLSTOÏ

Après la promenade, dont Tolstoï a fait mention dans la lettre précédente, il écrit à la comtesse :

« Notre voyage a duré quatre jours et s’est passé à merveille. Du gibier en masse, à ne savoir que faire, des canards en quantité incroyable, et personne ne les mange. Les Bachkirs, partout où nous sommes allés, ont été très agréables ; ils nous ont offert, à nous et à nos camarades, une hospitalité qu’il est difficile de décrire. Nous arrivons, le propriétaire tue un mouton gras, place un énorme seau de koumiss, met sur le sol des coussins et des tapis, qui servent de sièges pour les hôtes, et impossible de partir avant d’avoir mangé son mouton et bu son koumiss. Lui-même sert ses convives, et prenant le mouton à pleine main, il vous le met dans la bouche. Et impossible de refuser, cela l’offenserait. Il y avait beaucoup de choses drôles. Moi et Constantin avons bu et mangé avec plaisir, et cela nous a fait du bien. Mais Stepan et le baron étaient bien à plaindre, surtout le baron. Il voulait faire comme les autres, il but, mais, à la fin, il a tout rendu sur le tapis, et quand, au retour, nous lui avons demandé s’il ne voudrait pas aller chez le même Bachkir hospitalier, il nous supplia, presque avec des larmes, de n’y pas aller[1]. »

D’après le témoignage de Bers, Tolstoï trouvait beaucoup de poésie à la vie nomade et insouciante des Bachkirs, dont il connaissait bien les us et coutumes ; et, en général, il était satisfait de son séjour au pays du koumiss. Ainsi, le 18 juin 1871, il écrit à Fet la lettre suivante :

  1. Archives de la comtesse S. A. Tolstoï.