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LÉON TOLSTOÏ

ne demeurent que trois familles bachkirs. Notre propriétaire (un mollah) possède quatre kibitkas. Dans l’une il vit avec sa femme, son fils et sa belle-fille (ce fils qui s’appelle Naguim, et qu’à mon premier voyage j’avais laissé enfant) ; dans une autre, des amis. Des amis, des mollah, viennent sans cesse, et, du matin au soir, ils boivent le koumiss. La troisième kibitka est occupée par deux buveurs de koumiss : un fonctionnaire des douanes, Piotre Stanislavitch, qu’Ivan respecte beaucoup, et un riche Cosaque du Don, très malade. Nous habitons la quatrième, une immense kibitka qui prend l’eau de partout (nous nous en sommes aperçus hier soir). Je dors sur un lit de foin et de feutre. Stepan sur un édredon, à terre ; Ivan dans un autre coin sur un paletot de cuir. Il y a une table et une chaise, les vêtements pendent tout le tour. Dans un coin, le buffet et les provisions, comme dit Ivan. Dans un autre coin, le linge et la toilette ; enfin, dans le troisième, la bibliothèque et le cabinet de travail. Du moins c’était ainsi, au commencement, maintenant tout est confondu, surtout à cause des poules que nous avons achetées et celles dont m’a fait cadeau, je ne sais pourquoi, un prêtre ; elles pondent sous nos yeux, trois œufs par jour. Nous avons en outre un sac d’avoine pour le cheval, le foin et le chien, un beau setter noir qui s’appelle « Fidèle ». Le cheval est jaune et me sert bien. Je me lève de très bonne heure, à cinq heures et demie (Stepan dort jusqu’à 10 heures), je prends du thé avec du lait, trois tasses ; je me promène autour de la roulotte en regardant les troupeaux de chevaux qui rentrent de la montagne. C’est très joli. Il y a des milliers de chevaux. Ils