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LÉON TOLSTOÏ

vu chez nous ce First reader qui commence par des mots très courts, et se complique ensuite. Cela se vendra huit ou dix kopeks. Il n’écrit pas de romans, et de toutes les rédactions affluent des lettres. On propose 10.000 roubles d’avance et 500 roubles la feuille. Léon ne parle même pas de cela, comme si cette affaire ne l’intéressait pas. Ce n’est pas l’argent que je regrette, mais, le principal, c’est que j’aime son œuvre littéraire, je l’apprécie, et elle m’émeut. Tandis que ce syllabaire, cette arithmétique, cette grammaire, je les méprise et ne puis faire semblant de m’y intéresser. Et maintenant, quelque chose me manque dans la vie, quelque chose que j’ai aimé, et c’est précisément le travail de Léon qui me manque, ce travail qui m’a toujours donné tant de plaisir et inspiré le respect. Vois-tu, Tania, je suis une véritable femme d’écrivain, tellement je prends à cœur son œuvre[1]. »

Disons maintenant quelques mots de ce nouveau Syllabaire. Ayant reconnu quelques défauts dans son premier Syllabaire, Tolstoï le corrigea, le modifia, et y ajouta une partie nouvelle de lectures graduées. Le Nouveau Syllabaire parut en 1875. Dans la préface de cette nouvelle édition, l’auteur définit ainsi le but qu’il s’est proposé :

« Ce Syllabaire a pour but de donner aux élèves, pour le prix le plus minime, la plus grande quantité de choses compréhensibles, disposées graduellement depuis les plus simples et les plus faciles, jusqu’aux plus compliquées, afin que cette gradation serve de moyen principal pour apprendre à lire et à écrire, par n’importe quelle méthode… »

  1. Archives de T. A. Kouzminsky.