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VIE ET ŒUVRE

Tolstoï, et établit un parallèle entre ses opinions et celles d’Ouchinsky, leur trouvant ce trait commun, que tous deux font de la pédagogie un art et non une science.

Enfin, pour défendre les opinions de Tolstoï contre la pédagogie allemande, parut dans les Otetchestvennia Zapisky, une série d’articles remarquables de N. K. Mikhailovsky.


Dans sa famille Tolstoï ne rencontrait pas une très grande sympathie pour son activité pédagogique. La comtesse Tolstoï s’occupait volontiers d’instruire les enfants des paysans, mais elle ne pouvait s’empêcher de regretter que son mari négligeât la littérature. Ainsi le 20 novembre 1874, elle écrit à son frère S. A. Bers :

« Notre vie sérieuse, la vie d’hiver, s’organise. Léon est tout plongé dans l’instruction du peuple. Les écoles pour les enfants et des écoles où l’on formera les futurs instituteurs, tout cela l’occupe du matin au soir. Moi je regarde, étonnée ; je regrette les forces dépensées à ces occupations au lieu de les employer à écrire des romans, et je ne comprends pas jusqu’à quel point tout cela est utile, puisque tous ces efforts ne profitent qu’à un tout petit coin de la Russie, le district de Krapivna[1]. »

Un peu plus tard, le 12 décembre de la même année, elle écrit à sa sœur T. A. Kouzminsky :

« Léon a encore imaginé d’écrire un Syllabaire pour les enfants, sur le modèle du First, second, and third reader américain. Tu as probablement

  1. S. A. Bers, Souvenirs sur Tolstoï.