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LÉON TOLSTOÏ

des écoles ne permettent point d’augmenter le nombre des écoles ; à cause des trop grandes distances, beaucoup d’enfants ne peuvent profiter de celles qui existent, de sorte que le lourd impôt scolaire se transforme en une contrainte directe, stupide pour toute une partie de la population.

Ceci constaté, Tolstoï expose son plan de la création d’une série de petites écoles, dont les maîtres seraient payés directement par le peuple lui-même. Il estime qu’on pourrait ainsi entretenir jusqu’à quatre cents écoles, au lieu de vingt entretenues par les zemstvos. Puis Tolstoï termine ainsi son article :

« Si ce que je viens d’exposer ne convainc personne, c’est que je n’ai pas su exprimer ce que je voulais, et je ne discuterai point. Je sais qu’il n’y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Je sais ce qu’il arrive avec les propriétaires fonciers : on a acheté une nouvelle machine à battre, on l’a payée cher. Elle est installée et commence à fonctionner. Elle bat mal. On a beau arranger les planches, serrer les vis, elle ne marche pas bien et les grains tombent dans la paille. C’est une perte, et il serait plus avantageux de mettre la machine au rebut et de battre autrement. Mais l’argent est dépensé, la machine installée : « Qu’elle batte », dit le propriétaire. Ce sera la même chose avec les écoles. Je sais que longtemps encore fleuriront les méthodes visuelles, les petits cubes, les sifflements pour enseigner les lettres, et vingt écoles allemandes onéreuses au lieu des quatre cents écoles bon marché nécessaires au peuple. Mais j’ai aussi la ferme conviction que le bon sens du peu-