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VIE ET ŒUVRE

l’idée de fonder une école supérieure pour le peuple ; mais les élèves admis à cette école ne devraient pas pour cela changer les conditions de leur vie. « Que ce soit l’Université en lapti », disait Tolstoï. Les mathématiques et une langue étrangère devaient faire l’objet principal de l’enseignement. On élabora le programme et les principaux articles du règlement. Il ne restait plus qu’à trouver le moyen de réaliser le projet. Le maréchal de la noblesse de la province, un ami de Tolstoï, D. F. Samarine, ayant eu connaissance des projets de Tolstoï, et les approuvant, lui raconta que le zemstvo avait en caisse 30.000 roubles destinés à l’instruclion populaire. Il proposa à Tolstoï d’adresser la demande de cette somme, à la prochaine réunion du zemstvo, pour la fondation d’une école supérieure populaire. Lui-même promettait son appui. Tolstoï, qui jusqu’alors s’était tenu à l’écart de toute fonction administrative publique, cette fois sollicita les voix. Il fut élu membre du zemstvo, et, à l’unanimité, fut nommé membre du bureau de l’enseignement.

Cependant le projet de Tolstoï ne se réalisa point. Le rapport fut présenté ; mais au moment de discuter cette question, un respectable vieillard se leva et rappela que, cette année, on devait fêter, à Toula, le centenaire de la loi promulguée par Catherine ii sur la division de la Russie en provinces, avec de grands privilèges pour la noblesse, et il demanda que le crédit disponible fût alloué à l’érection d’un monument à la mémoire de la grande Impératrice. Cette proposition remporta les suffrages.

L’insuccès de cette tentative n’arrêta pas Tolstoï