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LÉON TOLSTOÏ

dans les écoles russes. Ces attaques forcèrent Tolstoï à s’expliquer publiquement dans une lettre ouverte adressée au Directeur du journal Moskovskia Viedemosti. Voici cette lettre.


« Je vous demande de vouloir bien donner place dans votre estimable journal à cette lettre qui a trait aux quatre livres que j’ai fait paraître sous le titre Syllabaire. J’ai lu et entendu de divers côtés les critiques adressées à mon Syllabaire, parce que moi, ignorant ou ne voulant pas accepter la méthode phonétique actuellement admise, je propose dans mon livre la vieille méthode des lettres et des syllabes. Ce reproche recèle un malentendu évident. Non seulement je connais très bien la méthode phonétique mais je suis peut-être le premier à l’avoir introduite en Russie, voilà douze ans, après mon voyage en Europe. Alors et par la suite je mis à l’épreuve cette méthode et chaque fois je dus reconnaître non seulement que cette méthode est contraire à l’esprit de la langue russe et aux habitudes du peuple, mais que, de plus, elle exige des livres faits spécialement pour elle. Sauf la difficulté de son application, et d’autres inconvénients dont il n’y a pas lieu de parler ici, cette méthode est très incommode pour les écoles russes, son enseignement est très laborieux et très long, et enfin elle peut être facilement remplacée par une autre. Cette autre c’est la méthode qui consiste à épeler les caractères ensemble, voyelles et consonnes, et à composer la syllabe auditivement, sans le livre. Cette méthode m’appartient, je l’ai imaginée, il y a douze ans, et appliquée dans toutes mes écoles. Les maî-