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VIE ET ŒUVRE

vous charger de surveiller ce travail ? C’est-à-dire trouver quelqu’un pour corriger les premières épreuves (contre rémunération). À vous seul je pourrais confier ce travail, pour ne plus le voir. Fixez vous-même la rémunération, en vous basant sur votre gain d’une bonne année. Je vous remets le soin de fixer la date de la publication. Pour moi le plus vite sera le meilleur. Il y aura près de cinquante feuilles. Si vous acceptez, vous me rendrez un de ces services dont je ne puis vous dire l’importance. Le travail intellectuel et moral est terminé, mais tant que ce ne sera pas imprimé, il me sera impossible de me mettre d’un cœur léger à une autre besogne : c’est pourquoi cela me tourmente. Je vous remercie beaucoup d’avoir revu les épreuves du récit. Publié, il ne m’a pas plu, et je regrette d’avoir donné l’un et l’autre. Et le plus amusant c’est qu’on ne me paie ni l’un ni l’autre : j’y gagne seulement que dorénavant je ne répondrai à aucune lettre des rédactions. N’aurez-vous pas de nouveau l’occasion de passer devant Iasnaïa, et ne me donnerez-vous pas l’espoir de vous revoir bientôt ? Ce serait bien. »

Après quelques hésitations et un échange de lettres explicatives, Strakov accepta de surveiller la publication du syllabaire. Tolstoï, tout heureux, lui écrivit alors.

« Cher Nicolas Nicolaievitch. Votre lettre m’a tellement réjoui que ma femme affirme qu’on ne me reconnaît plus. Enfin je commence à croire à la possibilité de voir la fin de cette affaire ! »

Puis suivent des lettres contenant des instructions détaillées, car Tolstoï guidait de loin le travail très consciencieux de Strakov. Dans une de ces