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VIE ET ŒUVRE

« Entre nous cette promesse me gêne, et ne sera d’aucun profit pour la Zaria. C’est si peu de chose et la note indiquant que c’est extrait du syllabaire détruira même sa signification, si toutefois zéro a une signification. Si vous pouviez m’obtenir la liberté vous me rendriez service. Dans le syllabaire ces récits peuvent avoir certaines qualités de simplicité, de clarté, de dessin, c’est-à-dire de langue, mais pour une revue, ils paraîtraient bizarres et ennuyeux, quelque chose d’inachevé, comme dans une galerie de tableaux les dessins au crayon sans ombres[1]. »

Cependant il envoya un récit à la Zaria. Strakov lui écrivit aussitôt pour l’en remercier. À cette lettre, Tolstoï répondit :

« 15 avril 1872. Iasnaïa. Votre lettre m’a fait grand plaisir, cher Nicolas Nicolaievitch. Il me suffit que vous me compreniez si bien. Quant au public non seulement je n’attends pas qu’il me comprenne, je le redoute plutôt. Je me trouve dans la situation d’un médecin qui a caché dans des pilules sucrées de l’huile de ricin, très utile selon lui, et qui ne désire qu’une chose : que personne ne raconte que c’est un remède, afin qu’on l’avale sans le savoir. »

Il s’agissait du Prisonnier du Caucase, publié dans le no 2 de la Zaria, pour 1872. Tolstoï donna encore un autre récit du Livre de lecture : Dieu voit la vérité, qui parut dans les Causeries, no 3, 1872.

Strakov ayant demandé à Tolstoï un autre récit pour les Soirées des familles, de Mme Khashpirev, cette fois, Tolstoï répondit avec humeur :

  1. Archives de V. G, Tchertkov.