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LÉON TOLSTOÏ

avoir reçu votre lettre, j’aurais tant voulu causer avec vous ; et je n’ai pas vu également vos articles, jusqu’au si bel article d’aujourd’hui sur Darwin. Que faites-vous ? Moi, je ne puis vous écrire ce que je fais, ce serait trop long. Le syllabaire m’intéresse, mais ne me prend pas tout entier, et le « reste » c’est précisément ce que je ne puis écrire, mais dont j’aimerais à causer. Mon syllabaire est terminé et se publie très lentement et très mal, chez Riss ; mais, par habitude, je barre tout et recopie vingt fois[1]. »

Ce « reste », comme nous le verrons plus loin, était consacré à l’étude des matériaux pour un roman de l’époque de Pierre le Grand, qui, malheureusement, ne fut jamais écrit.

À peu près à la même date, Tolstoï écrit, d’autre part, à Fet :

« 16 mars 1872. Mon syllabaire ne me laisse pas de loisirs pour d’autres occupations. L’impression marche à pas de tortue, et le diable sait quand ce sera terminé. Et puis, j’ajoute encore, j’efface, je change. Qu’en restera-t-il ? Je ne sais, mais j’y ai mis toute mon âme. »

Les éditeurs ayant entendu dire que Tolstoï avait écrit pour son livre de lecture des récits simples, littéraires et à la portée des enfants, commencèrent à le harceler de demandes pour en publier quelques-uns. Tolstoï se laissa arracher une promesse par la Zaria et ne tarda pas à regretter cet engagement. À ce propos, il écrivit à Strakov, l’un des collaborateurs de cette revue, la lettre suivante :

  1. Archives de V. G. Tchertkov.