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VIE ET ŒUVRE

de tapage ; mais presque tous ont appris à lire assez bien. »

« 6 avril 1872. Chaque matin je fais travailler mes enfants. L’après-midi l’école se réunit. C’est très difficile d’enseigner ; mais abandonner maintenant ce serait dommage. L’étude a marché si bien : tous lisent, écrivent, pas parfaitement, mais assez bien. Encore quelque temps et ils ne l’oublieront de leur vie[1]. »

Enfin le syllabaire composé avec tant de travail et d’ardeur est prêt, en brouillon tout au moins, et Tolstoï commence à le donner à l’imprimerie. Il voulait la discussion publique la plus large de la méthode qu’il proposait, et il avait l’intention de présenter son syllabaire à l’exposition pédagogique qui devait s’ouvrir à Moscou, le 30 mai 1872. Mais ce projet ne put se réaliser par suite d’un retard typographique, dû à la difficulté de la composition. Tolstoï en fut très attristé. La besogne était très difficile, personne ne pouvait le suppléer dans cette lâche, et cependant il commençait à éprouver la fatigue du surmenage. N. N. Strakov vint à son aide ; il se chargea de s’occuper de la publication de la fin du syllabaire, à Pétersbourg, et d’en corriger les épreuves, sur les indications de Tolstoï lui-même. À ce propos, une longue correspondance fut échangée. Nous en citerons quelques passages :

« 3 mars 1872. Iasnaia. Comme je regrette, cher Nicolas Nicolaievitch, d’être resté si longtemps sans correspondre avec vous.

« Il me semble que c’est moi le coupable. Après

  1. Archives de T. A. Kouzminsky.