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LÉON TOLSTOÏ

expliquent la nécessité, la légitimité du meurtre des uns par la volonté des autres.

Ainsi dans le catéchisme, à propos du vie commandement : « Tu ne tueras point », les hommes, dès les premières lignes, apprennent à tuer :

Question. Que nous défend le vie commandement ?

Réponse. Le meurtre ou la privation de la vie du prochain par n’importe quel moyen.

Question. Est-ce que toute privation de la vie du prochain est un acte criminel ?

Réponse. Ce n’est pas un meurtre quand on ôte la vie par sa profession : 1o quand on punit les criminels, d’après la justice ; 2o quand on tue un ennemi à la guerre pour l’Empereur et la patrie.

Question. Quels cas peuvent être classés comme meurtre criminel ?

Réponse. Quand quelqu’un cache ou délivre un meurtrier.

« Dans les ouvrages scientifiques : la jurisprudence avec son droit criminel, et les ouvrages de science pure, on prouve la même chose, mais l’on va encore plus loin et avec encore plus de hardiesse.

« Du droit criminel, inutile de parler ; ce ne sont que sophismes grossiers ayant pour but de justifier toute violence de l’homme sur l’homme, le meurtre même. Quant aux œuvres scientifiques, en commençant par celles de Darwin, qui fait de la lutte pour l’existence la base du progrès de la vie, nous arrivons à Hæckel, professeur à l’Université de Iéna, l’enfant terrible de cette doctrine, qui, dans son œuvre célèbre : Histoire naturelle de la création du monde, l’évangile des incrédules, écrit :