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VIE ET ŒUVRE

qui lui est faite jointe à l’ignorance du chef de la compagnie. Tout d’un coup entre le chef de la compagnie lui-même, la personne à laquelle est lié son point de folie, celle contre qui est dirigée son irritation accrue par l’isolement de la vie de bureau. Et cette personne, de nouveau, lui adresse des reproches et le menace de punition. Chibounine encore mal éveillé se lève, et, sans savoir où il est et ce qu’il fait, il commet l’acte dont il ne se rend compte que beaucoup après.

« Le passé de Chibounine, sa physionomie, sa conversation, tout indique en lui le plus haut degré de l’abrutissement, augmenté encore par l’usage constant de l’alcool ; et son aveu, qui paraît une circonstance aggravante, et principalement son crime, commis devant témoins, prouvent que ces derniers temps à l’état général de stupidité s’ajoutait un déséquilibrement mental qui, s’il ne peut être constaté médicalement comme la folie, néanmoins ne saurait être négligé comme circonstance atténuante.

« Selon l’art. 109, la peine qui menace Chibounine doit être diminuée, vu son état d’idiotie évident. D’autre part, à cause du dérangement de son esprit, cas qui n’est pas strictement prévu par l’art. 116, Chibounine, d’après le sens général de cet article, doit être condamné à une peine légère. Mais l’art. 604 ne fixe pour le crime commis par Chibounine qu’une seule peine : la mort. Ainsi le tribunal est placé dans l’alternative ou d’appliquer l’art. 604, et par cela même de s’écarter du sens des art. 109 ou 116, qui indiquent l’allègement de la peine quand le criminel ne jouit pas de la pléni-