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VIE ET ŒUVRE

deur de l’humidité du bois et du sapin coupé. C’était si agréable de marcher que nous regrettions de passer si vite. Tout d’un coup une chose nous a frappés, une odeur extraordinaire, agréable, l’odeur du printemps. Sacha a couru dans le bois et a cueilli des fleurs de cerisier, mais elles avaient peu d’odeur. Des deux côtés, on voyait des arbres verts et des buissons sans fleurs. L’odeur douce, narcotique, allait grandissant. Après avoir fait une centaine de pas, à droite, des buissons se découvrirent et devant nous apparut une immense vallée vert pâle avec quelques maisons dispersées.

« Sacha courut dans la vallée cueillir des narcisses blancs et il m’apporta un énorme bouquet qui avait une odeur très forte. Mais avec l’avidité destructrice propre aux enfants, il courut encore piétiner et arracher les merveilleuses fleurs naissantes qu’il trouvait si jolies. »

Au village des Avents, ils passent la nuit. Après l’ascension, Léon Nikolaievitch note les pensées suivantes :

« 16/28 mai. On m’a dit vrai : plus on monte dans les montagnes, plus c’est facile de marcher. Il y a déjà une heure que nous marchons et tous deux nous ne sentons ni le poids des sacs ni la fatigue. Nous n’avons pas vu le soleil, mais par-dessus nous, en touchant quelques pics et quelques sapins à l’horizon, il jetait ses rayons sur la hauteur, en face de nous. En bas on entendait rouler les courants, près de nous ruisselait l’eau des neiges