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VIE ET ŒUVRE

« Il y a ici une société charmante de Russes : les Poustchine, les Karamzine, les Mestcherski, et tous, Dieu sait pourquoi, m’aiment. Je le sens, je me suis trouvé si bien tout ce mois que j’ai passé ici, que je suis triste à l’idée du départ[1]. »

Tolstoï vécut près de deux mois à Clarens, puis décida de poursuivre son voyage à pied. Il avait fait connaissance, à Clarens d’une famille russe et invita le garçon d’une dizaine d’années, Sacha, à faire avec lui des excursions à pied, dans les montagnes. Son intention était d’aller à pied jusqu’à Fribourg en passant par la gorge de Jaman. Mais en route ils changèrent d’avis et tournèrent à Château-d’Œx, d’où ils allèrent à Thoune en diligence.

Dans un manuscrit inédit, Tolstoï a conservé ses notes de ce voyage. Nous y emprunterons quelques tableaux de la nature suisse.

D’abord Léon Nikolaievitch va en bateau de Clarens à Montreux.

« 15/27 mai. Le temps clair et bleu. Le Léman bleu vif avec les points blancs et noirs des voiles et des barques brillait presque de trois côtés à nos yeux. Près de Genève, dans le lointain du lac, l’air chaud tremblait et s’obscurcissait. Au côté opposé s’élevaient, droites, les vertes montagnes de la Savoie, avec des maisonnettes blanches à leur pied et une grande faille qui avait l’air d’une femme blanche en costume ancien. À gauche, au-dessus des vignes, très près d’elles dans les bosquets vert

  1. Lettre en français dans l’original.