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LÉON TOLSTOÏ

« Le pauvre Tourgueniev est très malade physiquement et encore plus moralement. Sa malheureuse liaison avec Madame V. et sa fille le retient ici, dans un climat qui lui est pernicieux et il fait pitié à voir. Je n’aurais jamais cru qu’il pût aimer ainsi[1]. »

De Genève, Léon Nikolaievitch fit une excursion en Piémont avec Botkine et Droujinine, qui étaient venus là, et ensuite il s’installa au bord du lac de Genève, à Clarens, d’où il écrit à sa tante une lettre enthousiaste.


« 18 mai 1857.

« Je viens de recevoir votre lettre, chère tante, qui m’a trouvé, comme vous devez le savoir d’après ma dernière lettre, aux environs de Genève, à Clarens dans ce même village où a demeuré la Julie de Rousseau… Je n’essaierai pas de vous dépeindre la beauté de ce pays, surtout à présent, quand tout est en feuilles et en fleurs, je vous dirai seulement qu’à la lettre il est impossible de se détacher de ce lac et de ces rivages et que je passe la plus grande partie de mon temps à regarder et à admirer en me promenant ou bien en me mettant seulement à la fenêtre de ma chambre. Je ne cesse de me féliciter de l’idée que j’ai eue de quitter Paris et de venir passer le printemps ici, quoique cela m’ait mérité de votre part le reproche d’inconstance. Vraiment je suis heureux et je commence à sentir tous les avantages d’être né coiffé.

  1. Lettre en français dans l’original.