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LÉON TOLSTOÏ

quelconques. Ils sont tristes, se plaignent de la vie, ne font rien et sont peinés, comme il me semble, de leurs rapports respectifs.

« Tourgueniev écrit que Nekrassov, tout d’un coup a de nouveau quitté Rome. La lettre de Tolstoï n’a qu’une page, mais pleine de courage et d’ardeur. L’Allemagne l’intéresse beaucoup, il veut ensuite l’étudier de plus près. Dans un mois il part pour Rome[1]. »

De toute cette correspondance, il résulte que les relations de Tolstoï avec Tourgueniev étaient toujours chancelantes et, malgré tous leurs efforts, ils ne pouvaient se rapprocher étroitement. Au mois de mars, Tolstoï, en compagnie de Tourgueniev, partit pour Dijon, où il resta quelques jours. C’est là qu’il écrivit son récit sur le musicien Albert. Puis il revint à Paris. C’est alors que Léon Nikolaievitch assista à l’exécution capitale qu’il a racontée dans ses Confessions et qui lui a laissé une impression ineffaçable. Dans son journal il note brièvement cette impression. « 6 avril 1857, je me suis levé à 6 heures et suis allé voir l’exécution. La poitrine et le cou blancs, gras et forts. Il baisa l’évangile… et ensuite la mort. Quelle absurdité ! Impression profonde qui ne fut pas stérile. Je ne suis pas un homme politique. L’art et la morale. Je le connais, l’aime et en suis maître.

« La guillotine pendant longtemps me poursui-

  1. Papiers de Droujinine. Recueil : Vingt-cinq ans, Saint-Pétersbourg, 1884.