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CHAPITRE III


LE PREMIER VOYAGE À L’ÉTRANGER. — LA VIE À MOSCOU. — LA CHASSE À L’OURS



Le 29 janvier, L.-N. Tolstoï quitta Moscou en malle-poste jusqu’à Varsovie, et de là, par chemin de fer, il arriva à Paris, le 21 février nouveau style. Là l’attendait Tourgueniev qui, dès le 23 janvier, avait écrit à Droujinine :

« Tolstoï m’écrit qu’il pense venir ici et partir au printemps en Italie. Dites-lui qu’il se hâte, s’il veut me trouver ici. D’ailleurs je lui écrirai moi-même. Par ses lettres je vois qu’en lui se passent de très bienfaisants changements et je m’en réjouis « comme une vieille nounou ». J’ai lu sa Matinée d’un seigneur qui m’a beaucoup plu, par sa sincérité et sa liberté presque complète de l’opinion. Je dis presque parce que dans la façon dont il a posé le problème se cache encore (peut-être inconsciemment pour lui) un certain préjugé. Ma principale impression à ce récit (je ne parle pas d’impression artistique), c’est que tant qu’existera le servage il sera impossible d’établir un rapprochement, une