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LÉON TOLSTOÏ

de sa tante que la sœur de son ancienne fiancée se mariait, il revient à son ancien sentiment et écrit :

« Pour ce qui concerne V., je ne l’ai jamais aimée d’un amour véritable, mais je me suis laissé entraîner au méchant plaisir d’inspirer l’amour, ce qui me procurait une jouissance que je n’avais jamais éprouvée.

« Mais le temps que j’ai passé loin d’elle m’a prouvé que je ne sentais aucun désir de la revoir, non seulement de me marier avec elle. J’avais peur seulement à l’idée des devoirs que je serais obligé de remplir envers elle sans l’aimer, et c’est pour cela que je me suis décidé à partir plus tôt que je ne le pensais. J’ai très mal agi, j’en ai demandé pardon à Dieu et j’en demande pardon à tous ceux auxquels j’ai fait du chagrin, mais réparer la chose est impossible et à présent rien au monde ne pourrait faire que la chose se renouvelle. Je désire beaucoup le bonheur à Olga, je suis enchanté de son mariage, mais je vous avoue, chère tante, que la seule chose au monde qui me ferait le plus de plaisir ce serait d’apprendre que V. se marie à un homme qu’elle aime et qui la vaut, parce que, quoique je n’aie au fond du cœur pas un petit brin d’amour pour elle, je trouve toujours qu’elle est une très bonne et honnête demoiselle[1]. »

Ainsi se termine ce roman touchant et instructif par sa franchise, et qui est l’un des événements les

  1. Lettre en français dans l’original.