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LÉON TOLSTOÏ

Saint-Pétersbourg et continue de lui développer ses idées élevées sur la vie de famille.

Mais en même temps, dans ses dernières lettres, le germe du doute qui est tombé dans son âme commence à devenir visible. Entre des sentiments de tendresse se dresse de plus en plus fréquemment un sentiment de malaise quelconque, provenant de la fausseté des rapports qui se sont établis entre eux. Cette note fausse était naturellement remarquée par sa fiancée ; l’intensité de leur affection réciproque commence à diminuer, et tous deux cherchent une issue honnête pour se retirer.

Dans une lettre à sa tante T. A. Ergolski, Léon Nikolaievitch avoue déjà le refroidissement de son amour et lui demande conseil en cette affaire délicate. Cette lettre est datée de Moscou où il s’était installé au commencement de décembre et où il resta jusqu’au nouvel an.

« Moscou, 5 décembre 1856,

« Vous me parlez de V. comme vous m’avez toujours parlé d’elle, et moi je vous réponds comme toujours. Aussitôt après mon départ, une semaine après, il me semblait que j’étais amoureux. Mais avec mon imagination ce n’est pas difficile. Et maintenant, surtout après que je me suis mis sérieusement au travail, je désirerais beaucoup pouvoir dire que je suis amoureux, ou tout simplement que je l’aime, mais il n’y a pas cela. Le seul sentiment que j’aie envers elle c’est la reconnaissance