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VIE ET ŒUVRE

laievitch apprit de nouveaux faits qui l’invitèrent de nouveau à soulever cette question.

La découverte des rapports de sa fiancée avec M. porte une blessure incurable à son amour qui déjà commençait à s’affermir, et s’il ne rompt pas aussitôt avec elle, c’est qu’il veut laisser à la nature et au temps le soin de rendre cette opération moins douloureuse. Dès lors leurs rapports deviennent amicaux et ce n’est que rarement, — et je pense en imagination seulement — que s’enflamme faiblement la passion amoureuse.

Après avoir envoyé cette lettre pleine de reproches il s’inquiète de l’effet qu’elle produira et dès le lendemain il écrit sur un ton plus doux.

Sans attendre la réponse qui tardait, et se calmant sans doute par le dicton : pas de nouvelles, bonnes nouvelles, il continue de guider la vie de son élève plutôt que de sa fiancée et il lui écrit une lettre très détaillée sur leur future vie commune, lui donnant le plan de leurs occupations, lui parlant de leur habitation, de leurs connaissances, de la distribution de leur temps et tâchant d’amener sa future compagne aux questions les plus sérieuses de la vie.

De longtemps il ne reçoit pas de réponse, il s’inquiète, doute, mais enfin sa patience est récompensée, il reçoit d’un coup plusieurs lettres restées en souffrance, et, entre les deux amis, s’établissent de nouveau des rapports tendres, cordiaux. Il lui raconte ses projets littéraires, lui décrit la vie de