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LÉON TOLSTOÏ

En route, de Moscou, il écrit une lettre dans laquelle il fait déjà l’éducation de sa fiancée et qui montre en même temps qu’entre eux n’existait pas ce qu’on appelle l’amour passionné. Cette lettre est remplie d’idées profondes sur l’importance de la sympathie réciproque, sur le sérieux des rapports entre l’homme et la femme, et sur la nécessité de soumettre ses sentiments au contrôle du temps et de la distance.

Cela ne plaisait sans doute pas à la demoiselle amoureuse, mais elle se soumet à cette décision et leurs relations se poursuivent par correspondance.

Bientôt Léon Nikolaievitch eut l’occasion d’une nouvelle épreuve, qu’il ne s’imposa pas lui-même, mais qui lui vint du dehors. Il apprit de source absolument sûre, étant à Pétersbourg, que sa « charmante demoiselle » s’était laissé courtiser par un professeur de musique dont elle-même était éprise. Et tout cela se passait à ce malheureux couronnement. La jeune fille lutta visiblement contre ce sentiment et même cessa toute relation avec M. M. Mais le fait seul était un coup sensible pour Léon Nikolaievitch, et sous l’influence de l’amertume provoquée par cette découverte, il lui écrit une lettre pleine de reproches, qu’il ne se décide point à lui envoyer, qu’il veut seulement lui montrer à leur prochaine rencontre. Et il écrit une autre lettre qu’il envoie. Déjà une lettre précédente contenait une allusion à ce fait. Mais évidemment Léon Niko-